Jean-Louis Pons, l’astronome surnommé « l’aimant des comètes »
Une trajectoire exceptionnelle. C’est ainsi que l’on pourrait qualifier le passage sur terre de Jean-Louis Pons. Né à La Piarre – qui à l’époque se nommait Peyre – le 24 décembre 1761, il était le dixième enfant d’une fratrie de onze, d’une famille modeste du village.
Rien ne prédestinait le Haut-Alpin Jean-Louis Pons à devenir un brillant astronome, internationalement reconnu. Premier clin d’œil de la vie, il est envoyé à Marseille, probablement chez un parent proche, pour apprendre à lire et à écrire. Son destin s’enclenche ensuite lorsqu’en 1789 il est recruté en tant que concierge à l’observatoire de Marseille, dans le quartier des Accoules.
Très vite, Guillaume de Saint-Jacques de Silvabelle, directeur de l’observatoire, remarque l’intérêt que son concierge porte à l’activité des astronomes. Il va donc commencer par l’autoriser à se familiariser avec leurs instruments. Constatant que l’intérêt de Jean-Louis Pons pour l’activité des astronomes de l’observatoire ne faiblit pas, le directeur des lieux va le guider, l’initier.
Jean-Louis Pons, encouragé par Guillaume de Saint-Jacques de Silvabelle, semble libre de tout tenter. Il se lance dans la fabrication de sa propre lunette astronomique et va jusqu’à polir les lentilles.
Cette lunette très performante, lui permettait de balayer le ciel de manière rapide, méthodique et efficace. Trois jours après en avoir achevé la construction, le 11 juillet 1801, Jean Louis Pons découvre sa première comète. Le début d’une longue série puisque grâce à son acuité visuelle hors norme, il découvrira 37 comètes en trente ans d’observation.
Un record qui à ce jour n’a pas été battu. Sa connaissance de l’aspect ordinaire du ciel était telle qu’il remarquait le moindre changement survenu,
A la mort de Joseph Thulis, le successeur de Guillaume de Saint-Jacques de Silvabelle, en 1813 et à la demande du bureau des Longitudes, il est nommé astronome adjoint de l’observatoire de Marseille. Un décret impérial daté de juillet 1813 officialise cette nomination. En 1819, Marie-Louise de Bourbon le nomme directeur de l’observatoire de Marlia, à Lucques en Toscane, une nouvelle étape de son ascension sociale. Le 4 décembre 1819, le jour de son arrivée Jean-Louis Pons y découvre la comète 1819 IV. Une des sept comètes qu’il repérera dans le ciel de Lucques.
En 1825, il prend la direction de l’observatoire de Florence soutenu par le grand-duc de Toscane, Léopold II. C’est là qu’il découvrira sept nouvelles comètes, la dernière en 1827. Sa vie altérée par la maladie, il meurt à Florence le 14 octobre 1831.
La reconnaissance et les hommages
Une telle réussite n’a pas manqué de faire quelques jaloux à l’image de celle du Baron de Zach qui, le 20 mars 1813, partagea son amertume dans une lettre qu’il adressa à M.Reboul, professeur à l’université de Montpellier. Mais ils ont été et ils sont toujours nombreux à saluer l’astronome hors norme qu’était Jean-Louis Pons,
A l’image de Michel Marcelin, directeur de recherche émérite au CNRS Laboratoire d’Astrophysique de Marseille qui au travers de conférences contribue à honorer la mémoire de Jean-Louis Pons.
Tout au long de son parcours d’astronome, celui-ci a reçu plusieurs récompenses. En 1812, la médaille d’encouragement de l’académie des sciences de Marseille. Puis, à trois occasions, en 1819, en 1820 conjointement avec Joseph Nicollet et en 1827 avec Jean-Félix Adolphe Gambart, l’académie des sciences de France, lui a attribué le prix Lalande qui, de 1802 à 1970, a récompensé la personne qui avait fait l’observation la plus utile au progrès de l’astronomie.
En 1935, l’Union astronomique internationale (UAI) a donné son nom à un cratère de la Lune, En 2013, à la suite d’une proposition de Michel Marcelin et de Marcel Oreggia, un Marseillais qui a des attaches à La Piarre, le conseil municipal a validé le projet de baptiser une allée, située dans le 4 ème arrondissement de la cité phocéenne, « allée Jean-Louis Pons ».
Pas de trace qui situe Jean-Louis Pons dans son village natal des Hautes-Alpes, mais les familles de son arbre généalogique continuent à marquer de leur empreinte la vie piarroise.
Il est probable que la luminosité du ciel haut-alpin a dû conditionner l’acuité visuelle du plus célèbre dénicheur de comètes…